RP,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










RP,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










   JL,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










GS,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










   HD,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










LTD,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










   EN,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










   JGB,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










LD,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm










GB,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm









MC,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm









RB,   impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm









YB
impression numérique sous montage acrylique magnétique sans reflet, 76 x 91,5 cm





Prononce mon nom
Ces humains-fleurs, ces êtres hybrides sont nés de l’habile combinaison de portraits de personnes décédées, que l’on trouve sur certaines pierres tombales, et de fleurs entières, leurs pétales et leur pistil prélevés aux bouquets qui les ornent. La fonction commémorative du bouquet de fleurs déposé au cimetière est ici détournée par l’artiste qui s’en approprie les pétales pour les placer sur des portraits afin certes, d’en préserver l’anonymat mais également, d’opérer leur métamorphose. Masque, voile, coloration, le pétale ajoute à l’image existante et la modifie, l’entraîne dans l’exubérance, la beauté, la joie, en renouvelant sa vitalité. Il est négation du fait de la mortalité, célébration iconoclaste, pied de nez à la mort, jubilation insolente. Au contraire du memento mori dans l’art chrétien, ces images ne visent pas à souligner la vanité des vivants en leur rappelant leur mort imminente mais, plutôt à l’inverse, à exalter la puissance régénératrice du vivant.

L’ensemble se présente comme un herbier où sont collectionné et amalgamé fleurs, hommes et femmes, tous aplatis par le rendu en deux dimensions de la photographie. Les images d’hommes et de femmes sont ténues, minces, flottant sous la surface d’un support où on a souhaité les maintenir immortelles, les rappeler à la mémoire, mais où elles tendent vers l’effacement et la disparition. Elles portent les traces du désir de les rendre plus vives et plus justes, dans leurs retouches apparentes, ces traits redessinés, cette coloration ajoutée, comme on maquille les corps embaumés. Mais qui se souviendra réellement de ces visages et pour combien de temps ? Le temps est le premier sacrilège avant même le geste de l’artiste; craquelures, altérations, poussières, décoloration, saletés en surface, figurent l’oubli inévitable. Elles en sont les traces matérielles auxquelles s’ajoutent les interventions de l’artiste.

De ces visages ne subsistent que des fragments; une chevelure, un menton, une joue, qui se présentent comme autant d’invitations à deviner ce qui a été oblitéré. Le masque des pétales est par endroits opaque, à d’autres, transparent. Les pétales laissant percevoir leur propre minceur et fragilité car eux aussi se dégraderont. Telles des feuilles de papier de soie colorées et arrondies, elles recouvrent et cachent comme elles laissent parfois transparaître l’image en dessous. Lorsque déposées sur des images en noir et blanc, leur couleur se manifeste d’autant plus violemment. Sur des images en couleur, elles s’harmonisent. Le rouge, le rose, le jaune et le blanc éclatent, triomphent sur ces visages à jamais figés dans le temps, inanimés. Leurs formes se marient à celles des visages, ici, épousant une coiffure, là, recréant un nez ou encore, dessinant sur les yeux, un loup.

Le pétale de fleur posé en surface se tend vers l’avant, vers l’actualité du présent. Le portrait photographique du décédé, lui, apparaît lointain, granuleux, provenant d’une temporalité passée, il tend vers l’arrière. Le pétale de fleur est actuel, vibrant, vivant — quoique son existence soit éphémère et sa fanaison imminente — il se situe dans notre temps, celui du regardeur. Il est témoignage du passage de l’artiste et de ses gestes qu’elle a voulu enregistrer. Il est force qui tire le passé vers l’avant, le surpasse et le transforme.

Élène Tremblay

                                                                                                                 
Say my name
These human-flowers, hybrid beings, are the results of a skilful combination ofportraits of deceased persons, as found on some tombstones, and flowers, theirpetals and pistils collected from their adorning bouquets. The commemorativefunction of the flowers at the cemetery is diverted by the artist whoappropriates its petals to partially hide the portraits and preserve their anonymity,but also to operate their metamorphosis. Mask, veil, color, the petal adds tothe image, modifies it, bringing exuberance, beauty and joy, while renewing itsvitality. It acts as a denial of mortality, an iconoclastic celebration, a snubto death, an insolent glee. Unlike the mementomori in Christian art, these images are not intended to emphasize thevanity of the living by reminding them of their imminent death, but rather onthe contrary, to extol the regenerative power of the living.

The series can be considered as a herbarium in which are collected andamalgamated flowers, men and women, flattened by the two-dimensional renderingof photography. Images of men and women are tenuous, thin, floating under thesurface of a support in which one has wished to preserve them, to nurture theirmemory, but where they will also fade away. In their apparent alterations, theybear the traces of a desire to make them more vivid and accurate; hand maderetouches, outlined features, added coloring, who remind us of the making-up ofthe embalmed body. But who actually remembers these faces and for how long?Time is the first sacrilegious, before the artist's gestures;cracks, defects, dust, fading, dirt on the surface, are signs of the inevitableoblivion. They are its material traces to which are added the artist'sinterventions.

Only fragments are kept of these faces; hair, chin, cheek, stand as invitationsto guess what was obliterated. The petals show their own thinness, fragility andeventual degradation. Evoking colorful tissue paper, in certain places opaque,and others transparent, they cover and hide as well as they, at times, let theimage be seen. When placed on black and white images, color appears all themore violently. On color images, they harmonize. Red, pink, yellow and whiteburst, triumph over these faces forever frozen in time, inanimate. Their shapescombined with the faces, complete a hairdress, recreate a nose or draw a maskover the eyes.

The flower petal placed over the tombstone photograph’s surface, pulls theviewer forward, in the actuality of the present. The photographic portrait ofthe deceased, appears distant, grainy, emerging from the past, pulling us back.The flower petal is current, vibrant, alive - though its existence is ephemeraland its wilting imminent - it is in our time, that of the viewer. It is atrace, a sign of the artist's gestures and a force that surpasses andtransforms the past.

ÉlèneTremblay
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