Histoires de disparitions est une odyssée visuelle de la fin et de la transition. Un florilège de « portraits vestimentaires » donnant une matérialité au glissement du vivant dans l’immatérialité de la pensée.
Je travaille dans le domaine funéraire comme thanatopractrice. À chaque fois que je prépare un corps pour le présenter à ses proches, j’espère que l’aboutissement de cette dernière apparition physique sera propice à une métamorphose de la disparition en invisible et réconfortante présence. C’est ma façon de prendre soin des défunts et de leurs endeuillés.
Dans cette foulée, je photographie les vêtements que l’on m’apporte pour vêtir les corps que j’embaume. Je façonne ces parures mortuaires pour en faire des « portraits vestimentaires », témoins de l’affect mis à l’œuvre dans les préparatifs de la dernière apparition : le vêtement de tous les jours, celui de la tradition, de la fonction, des grandes occasions…
S’ajoute à mes observations, l’attention avec laquelle ces vêtements ont été préparés : protégés sous une housse, enveloppés de plastique, apportés dans un sac, neufs, démodés, repassés, usés…
Je constitue ainsi une sorte de collection de réminiscences autour de la disparition et sur ce qui en découle.
Avec ces « portraits vestimentaires » dans lesquels s’enchevêtrent les sensibilités, je propose une déambulation où la dépossession, l’illusion, la raison et la fatalité se côtoient aux abords de la disparition.