
La question du devenir, mur d'ornements funéraires, 9,15 x 3,65 mêtres (30 x 12 pieds)

La question du devenir, mur d'ornements funéraires, 9,15 x 3,65 mêtres (30 x 12 pieds)

La question du devenir, détail, mur d'ornements funéraires, 9,15 x 3,65 mêtres (30 x 12 pieds)

La chronologie des humains, impression numérique sur papier Legacy Baryta, 84 x 126 cm (33 x 50 pouces)

Ainsi soit-il, impression numérique sur papier Legacy Baryta, 84 x 126 cm (33 x 50 pouces)

Deux étrangers complets, impression numérique sur papier Legacy Baryta, 84 x 126 cm (33 x 50 pouces)
Des trajectoires de vies comme des courbes, il y a un moment où s’amorce la pente descendante :c’est ce qui capte mon attention. Je me penche sur la perte, sur ce qui nous échappe, êtres, sentiments, sensations, objets… Pour mettre cette idée en forme, je me fais glaneuse, toute au plaisir de la collection, sans cesse à l’affût : j’accumule des objets sans valeur intrinsèque qui témoigneront de ces instants, de ces dépossessions ou bien je les photographie. Je constitue ainsi une réserve où je puise pour mon projet sans cesse en devenir. Je vous propose un corpus tiré de cette réserve, Eldorado; où illusion, raison et fatalité se côtoient avant constater leur évanouissement.
L’élément privilégié de mes installations est la fleur séchée. En tant que thanatopractrice, je suis quotidiennement en contact avec la mort. Le laboratoire du complexe funéraire se fait voisin de l’atelier d’artiste. Je recueille les dépouilles des ornements funéraires laissés sur place en fin de rituel et les fait sécher. Les murs que je pique de ces fleurs mortuaires deviennent à la fois dessin dans l’espace, théâtre d’ombres, horizon tronqué, témoignage d’un cycle naturel ainsi que de fin de vie.
L’assemblage des éléments se fait grâce à l’installation et à la photographie. Je travaille la photo comme une peintre, ma pratique précédente, en m’attardant aux textures, aux couleurs et à la composition. Je narre alors un récit sans sujet, mais qui le laisse deviner. Je procède par détails, par accumulation, par indices. Chaque image est construite comme une phrase visuelle qui ouvre la porte de la suggestion.
Dans mes photographies foisonnent les détails : des moisissures, des fragments d’insectes, des fragments statues de cimetières attaquées par le lichen, des fils de laine, des cheveux naturels et artificiels ainsi que d’autres minuscules trésors. Des éléments impalpables s’y trouvent aussi : le feu, la fumée, l’eau, matières en transformation, écrans plus ou moins opaques.
Dans le corpus d’Eldorado sont réunis les éléments essentiels propres aux natures mortes : le cycle de la vie et de la mort, de la transformation et de la renaissance. Le sentiment de l’inéluctable destinée de tous les corps vivants transmise par mes œuvres induit une certaine mélancolie sinon de la dureté, mais la violence participe de la vie. J’aime approcher ce qui semble rebutant.
Le contexte de l’exposition m’incitera à sélectionner des artefacts d’Eldorado en particulier. Chaque contexte est unique et entraînera une combinaison soulignant certains aspects et points de vue constituant mes collections plutôt que d’autres, permettant une narration fragmentaire mais cohérente, un peu à l’image d’un recueil de nouvelles. C’est ainsi que j’aime me voir aussi : comme un écrivain visuel.