Taphophile, je visite tous les cimetières. Lieux d’histoires et de mémoire, j’ai pris plaisir à collectionner par le biais de la photographie, les mots gravés sur les pierres tombales. Accumulés sur plusieurs années, des dates, âges, prénoms, noms communs, qualificatifs et autres dénominations se sont retrouvés dans ma banque d’image que j’approvisionne sans cesse. Pour Pierres blanches, j’ai puisé dans ce répertoire de « mots-photographiques » pour en faire les sujets de ce projet. Je me suis appliquée à proposer un long récit, une sorte de chant du cygne avant l’agonie de la mémoire alors que le temps qui œuvre à tout effacer.
J’ai sélectionné une soixantaine de mots gravés pour leurs qualités évocatrices et plastiques. J’ai soustrait ce qui les entourait pour ne garder que leurs présences et ce qu’ils suggèrent. J’ai conservé les qualités propres aux surfaces des pierres tombales pour leurs fonctions d’espace d’écriture, telles des feuilles de papier. J'ai ordonné tous ces mots dans une succession de fragments pour former une longue litanie que je projette au mur. Matérialisés et rythmés par la lumière, ils deviennent à la fois dessins dans l’espace, théâtres d’ombres et horizons désuets s’évanouissant les uns après les autres. L’idée de récit dans Pierres blanches prend ainsi la forme d’un manuscrit visuel.

Installation vidéo. Projection en continu d’une sélection de 66 photographies de mots gravés sur des pierres tombales. Grandeur maximun de la projection : 305 cm par 457 cm
Crédit photo Mathieu Savoie




